La disparition de Robert Badinter, survenue dans la nuit du jeudi au vendredi à l’âge de 95 ans, marque la fin d’une ère pour la France. Son décès, survenu le 9 février, jour anniversaire de la tragique rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon en 1943, vient clore le chapitre d’une vie marquée par un engagement sans faille pour la justice et les droits de l’homme.
Homme politique émérite, juriste respecté et humaniste engagé, Robert Badinter restera à jamais associé à la lutte contre la peine de mort en France. Son parcours politique a été semé d’embûches, notamment lors de son mandat de ministre de la Justice au début des années 1980. Même le président François Mitterrand a été confronté à l’ironie de la situation, où certains lui demandaient de renvoyer Badinter, celui-là même qui avait mené l’effort pour abolir la peine de mort.

Avant d’être salué comme une référence morale pour la gauche, Badinter fut l’un des ministres les plus controversés, critiqué pour son abolitionnisme et accusé de laxisme. Cependant, sa détermination face à l’opposition n’a jamais faibli, forgée par son expérience devant les cours d’assises, où il était confronté à des foules réclamant la peine capitale.
Le combat pour l’abolition de la peine de mort fut ardu. Badinter, avec sa voix et ses convictions, s’est efforcé de convaincre un pays où une écrasante majorité de citoyens étaient favorables à la peine de mort en 1976. Il a utilisé ses propres échecs pour illustrer l’irrationalité et l’immoralité de la peine capitale, faisant notamment référence au cas de Roger Bontems.
Enfin, le 18 septembre 1981, la France a franchi une étape historique en votant l’abolition de la peine de mort à l’Assemblée nationale. Cette victoire, obtenue grâce à la ténacité de Badinter, symbolise un progrès majeur pour les droits de l’homme en France. Son ami, le président François Mitterrand, lui a remis un exemplaire de la loi d’abolition, scellant ainsi une amitié forgée dans les luttes communes.
Le parcours de Robert Badinter, marqué par une histoire personnelle douloureuse, a été une source d’inspiration pour la lutte contre l’injustice. Son père déporté par les nazis, Badinter a transformé sa douleur en un engagement indéfectible pour la justice et les droits fondamentaux. Sa vie fut dédiée à la lutte contre la « présence invisible » de la mort, comme il le disait lui-même, et à la défense des valeurs humanistes qui guident notre société.
Au-delà de son combat pour l’abolition de la peine de mort, Badinter a marqué l’histoire de la justice en France en supprimant les juridictions d’exception et en œuvrant pour une justice plus équitable et plus humaine. Son héritage perdurera, rappelant à tous que chaque individu a le droit de devenir meilleur, un droit que nulle loi ne saurait entamer.
Ainsi, même si Robert Badinter nous a quittés, son combat pour la justice et les droits de l’homme continuera d’inspirer les générations futures, comme une lumière dans l’obscurité de l’injustice. Son titre « L’Imparfait » résonne désormais comme un appel à poursuivre le combat pour un monde plus juste et plus humain, un monde où la peine de mort sera reléguée aux pages sombres de l’histoire.
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